Message de Mgr Fabbro à l’occasion des Jours Saints et de Pâques

Chers frères et sœurs dans le Christ,

Notre cheminement du Carême arrive inévitablement à son terme, la Semaine sainte et la célébration de la passion, de la mort et de la résurrection de Jésus. À cause du coronavirus, cette célébration prend une forme inattendue ainsi que notre façon de souligner ces jours saints qui sont le sommet de l’année de l’Église. Au lieu de nous réunir dans nos églises paroissiales pour commémorer et revivre ces événements fondateurs de nos vies de croyantes, de croyants et de disciples, nous serons à l’abri à domicile, pour le plus grand bien de notre collectivité. Mais ce faisant, nous imitons le Seigneur qui nous appelle à donner notre vie pour les autres comme il l’a fait lui-même, ne serait-ce qu’en sacrifiant nos attentes et nos préférences personnelles.

D’une façon vraiment mystérieuse, notre célébration de la Semaine sainte prendra cette année un caractère qui nous unira de manière très concrète à la passion et à la mort du Seigneur. À l’heure qu’il est, nous nous trouvons dans la vallée de la mort, et l’ombre de la mort ne nous quitte pas. Ainsi en était-il pour Jésus pendant ses derniers jours. Plus précisément, nous vivons dans l’isolement, séparés les uns des autres, pratiquement seuls en ces heures de peur et d’incertitude. À bien des égards, notre situation ressemble à celle de Jésus lui-même, qui s’est trouvé terriblement seul, isolé, pour affronter l’agonie de sa passion et de sa mort. Il était seul au jardin, luttant contre sa peur alors qu’il anticipait ce qui allait se produire. Il était seul lors de son procès devant le grand-prêtre et les anciens, sans personne pour le soutenir ou plaider sa cause. Il était seul devant la foule qui hurlait pour réclamer son exécution. Il était seul, ployant sous le poids de la croix, sur le chemin conduisant au Calvaire. Et il était seul sur la croix pour affronter l’expérience humaine ultime de la mort.

Dans son isolement, Jésus n’a jamais résisté; il n’a ni protesté ni crié face à l’horrible douleur de la solitude, car il comprenait, au plus profond de lui-même, qu’au cœur même de cette épreuve, il n’était pas seul en réalité, que Dieu son Père était intimement uni à lui, partageant sa souffrance et sa peine.

Dans les jours de détresse et d’angoisse que nous traversons, nous non plus, nous ne sommes pas seuls. Dieu, qui est venu partager la totalité de notre condition humaine, avec ses joies et ses peines, ses espoirs et ses déceptions, ses grâces et ses douleurs, marche avec nous, à nos côtés, à travers tout cela. Oui, aujourd’hui même, Dieu partage avec nous la confusion, l’incertitude et les difficultés des temps que nous vivons.

Et c’est ainsi que, même dans l’isolement, nous serons avec Jésus et lui avec nous, quand il se penchera pour laver les pieds de ses disciples et qu’il nous commandera de faire de même « en mémoire de moi ». Nous serons avec Jésus quand il souffrira et qu’il mourra non seulement pour nous, mais avec nous. Et nous serons avec Jésus quand il remettra sa vie entre les mains de son Père.

Dans l’Évangile de Jean, lorsque Jésus retourne à Béthanie pour ressusciter son ami Lazare, l’évangéliste note que l’apôtre Thomas s’écrie : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui » (11, 16). Nous aussi, dans nos foyers, dans nos résidences et dans nos chambres de malade, allons-y pour mourir avec lui, car ce faisant, nous aurons part à la vie que Jésus nous apporte afin d’affronter le mal et la mort. Dans notre isolement, nous pourrons découvrir, de manière inexplicable mais en vérité, la puissance de la résurrection.

Sincèrement uni à vous dans le Christ,

Mgr Ronald P. Fabbro, C.S.B.

Évêque de London

Ce contenu a été publié dans Uncategorized. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.