Carême dans la ville – méditation du 8 avril 2020

Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David. (Is 11, 1)

Lorsque le prophète Isaïe annonce la venue du Messie descendant de David, il la compare à celle d’un bourgeon qui surgit au printemps, dont la puissance de vie parvient à transpercer l’écorce la plus épaisse. Jésus survient, Il est le bourgeon tant attendu, et sa nouveauté trace également son propre chemin, déboussolant au passage les attentes de ceux qui pourtant lui sont tout proches.

Alors qu’Il est encore enfant, Il échappe à la surveillance de ses parents lors du pèlerinage annuel à Jérusalem, parce qu’être un fils obéissant, c’est d’abord pour lui être aux affaires de son Père du Ciel. Ses disciples, malgré trois ans de cohabitation, font la même expérience : reconnaissant en lui le Messie, ils espèrent qu’Il sera ce roi temporel, qui rendra au peuple sa souveraineté. Mais sa royauté n’est pas de ce monde.

La nouveauté de Jésus n’est donc pas simplement le fait de sa naissance, mais elle se révèle à chaque instant de sa vie. Il nous faut certes l’accepter mais aussi en prendre soin. Le bourgeon est en effet, à sa sortie, la partie la plus fragile de l’arbre, que l’on peut, d’un coup d’ongle, arracher. En projetant sur Jésus nos attentes, comme on le ferait pour un enfant, on cherche en fait à habiller l’absolue nouveauté avec les vêtements du passé, à enfermer ce qui jaillit au plus proche de la source de la vie dans des outres déjà anciennes.

Nous aussi avons de quoi être déroutés ces jours-ci : nous voulions vivre la semaine Sainte en communauté, célébrer la Pâques de Jésus, peut-être même être baptisé pendant la nuit de Pâques… Et voilà que Dieu nous demande d’attendre, de vivre cette grâce de Pâques sous une forme nouvelle, inconnue, cachée. Il en va ainsi du Royaume de Dieu. De jour ou de nuit, à notre insu, sa semence germe et grandit.

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